J’ai donc participé mi-avril à un stage de survie.
Entre le déménagement de Francfort, les formations à suivre à Paris, la vie et son lot de challenges émotionnels, je me suis demandée, quelques jours avant, si c’était vraiment le bon timing de sortir encore de ma zone de confort. Mais j’avais réservé, payé et c’était probablement la peur qui parlait. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai fait mon sac et je me suis pointée à l’heure du rendez-vous !
J’explique dans la précédente lettre d’où m’est venue cette idée : sur des actualités toujours plus anxiogènes, reprendre le contrôle par l’action. J’aime aussi voyager, seule ou accompagnée et je trouve intéressant d’apprendre à survivre dans un environnement “hostile”, de prendre conscience des risques et de savoir y réagir, de s’informer sur quoi mettre dans un sac d’urgence type attaque nucléaire, et de cette façon, de pouvoir me mettre en sécurité et me protéger, ainsi que mes proches. La récente coupure d’électricité en Espagne et au Portugal montre par exemple le manque de préparation de la population face à ce type d’événement. À contrario, je vais souvent au Cameroun et les coupures d’eau et d’électricité y sont monnaie courante.
L’an dernier, en commençant à chercher des ateliers pratiques, je réalise qu’on trouve vraiment à boire et à manger avec plein d’offres différentes. Cette phase préalable me permet d’affiner et de préciser mes envies. En réalisant un stage, l’objectif est de me former par des connaissances théoriques, et puis, de m’entraîner dans la joie et la bonne humeur. Afin de savoir réagir de façon adéquate, s’il se passe quelque chose dans la vraie vie. Lors de mon voyage en Afrique du Sud, j’ai par exemple acheté un couteau suisse et une bombe lacrymogène pour le temps que je passais seule sur place, mais avoir des outils sans connaissance pour s’en servir, c’est un peu inutile… All good, je n’en ai pas eu besoin !
Plein de bonnes résolutions en janvier et le hasard faisant bien les choses, je tombe sur cette newsletter de Victoire Tuaillon. Je n’ai accès qu’à la première partie de son article, ce qui est suffisant pour voir qu’elle a réalisé un stage de survie avec le CEETS afin de préparer son sac d’urgence. Ni une ni deux, je m’en vais farfouiller sur leur site, ça correspond à ce que je recherche et quelques jours plus tard, je réserve.
Mi-avril et après un branle-bas de combat (merci aux copains qui m’ont prêtée des affaires !), me voilà dans le train en direction de la Seine-et-Marne avec sur le dos, 15 kilos dont 6 litres d’eau et mes repas du week-end. C’est parti pour passer 2 jours dans la forêt ! Je vous assure, parfois je me demande comment je réfléchis et pourquoi je prends certaines décisions. Je ne faisais pas trop la maligne en arrivant !
Évidemment, je suis la seule fille des stagiaires (et la seule noire) parmi un groupe de 7. A cela s’ajoutant 2 moniteurs dont une autre Laëtitia, de tranches d’âge allant de 18 ans à une bonne quarantaine d’années. Vérification des affaires, briefing rapide à la gare et direction la forêt régionale du coin.
Je suis déjà allée camper plusieurs fois et plusieurs jours d’affilé dans la forêt, en montagne, sur des îles canadiennes et lors de festivals. J’aime bien randonner et j’ai voyagé dans des environnements divers et variés, je sais m’adapter. Donc passée l’appréhension de l’inconnu, est venue l’excitation de la nouveauté.
Et pourtant, ça a été deux jours très challengeants où j’ai appris énormément de choses :
à allumer un feu, même en cas de pluie, à utiliser un couteau et une scie pour couper du bois sec et faire des bûchettes, à filtrer de l’eau vraiment sale avec une bouteille en plastique et un mouchoir. Ou encore, à fabriquer un abri avec une couverture de survie ou un poncho pour se protéger. J’ai même réussi à monter un tarp avec des noeuds solides et à me faufiler dans mon sac de couchage, malgré la présence d’araignées... pour dormir sous ce tarp ouvert, malgré la pluie qui tombe toute la nuit. Et finalement, au petit matin, me réveiller bercée par les doux grognements des sangliers !
Bref, lors de ce stage, j’ai développé des connaissances pour faire du bivouac, me déplacer à l’aide d’une carte et d’une boussole, réguler la température corporelle et, après un campement, ne pas laisser de trace dans la nature. Je sais maintenant quoi mettre dans un sac de rando ou d’urgence et j’ai déjà hâte de mettre ces nouvelles compétences en action cet été.
Il y a presque un côté un peu glamour à raconter tout ça et je suis vraiment contente d’être sortie de ma zone de confort. J’ai tout de même bien conscience que c’est un quotidien non choisi pour beaucoup de personnes à travers le monde. Après ces deux jours dans la forêt, je suis rentrée chez moi, j’ai pris une bonne douche chaude et j’ai dormi dans un lit douillet. Disons que je suis reconnaissante de pouvoir me préparer tout en gardant un certain confort de vie.
Les prochaines étapes sont maintenant de m’entraîner en bivouac ou de mon canapé, de me rafraîchir la mémoire avec une formation aux premiers secours (PSC) et de réaliser une initiation à la self-defense type Krav Maga.
Et vous, quels sont vos moyens de vous préparer aux risques ? Comment vivez-vous la période d’instabilité actuelle ? J’ai hâte d’avoir vos retours !
Quelques ressources :
comment faire un kit d’urgence pour 72h, sur le site du gouvernement français
quoi mettre dans ce fameux gobag selon le CEETS avec la règle des 3 (vigilance, oxygène, température corporelle, eau, nourriture et hygiène)
un blog qui regorge d’infos sur la vie sauvage et de survie : https://forum.davidmanise.com/
Un livre - que je n’ai pas encore lu : Manuel de (sur)vie en Milieu naturel, de David Manise
La ville de Paris organise mi-mai des ateliers “face aux risques d’inondations" : tous préparés, tous protégés.”
P.S.: en cas de coupure d’eau, vous pouvez trouver de l’eau potable dans la cuvette des toilettes 😉
“Se concentrer sur ce que nous pouvons contrôler !”
Comme toi, étant hypersensible, je préfère me nourrir d’informations joyeuses et constructives.
Ton récit m’encourage à me former aux gestes qui sauvent.
Merci Laeti, souvent motivée !
Trop forte, bravo Laëti! je ne pense pas pour le moment être capable d'en faire la moitié!