J’ai passé des mois et même des années à chercher le job parfait. Bien payé, pas plus de 40 heures par semaine pour avoir un équilibre vie pro / vie perso, intéressant pour moi, utile pour le monde. J’ai essayé de trouver ce qui me convenait parfaitement avant de sauter le pas.1
Et ça n’a pas fonctionné. Je suis essentiellement restée passive pendant tous ces mois, incapable de passer vraiment à l’action. J’étais paralysée par la tâche à accomplir, par la peur de l’échec, par la peur de manquer d’argent.
J’ai déjà mis du temps à vouloir changer de travail, justement à cause de l’argent.
Je gagnais très bien ma vie et j’en étais fière, je ne voulais pas perdre cet aspect-là. C’est quelque chose qui m’a empêchée d’être pleinement honnête avec moi-même pendant de longs mois. Je voulais trouver une solution pour continuer à gagner, au moins, autant d’argent. Conserver ce semblant de statut social. Obtenir enfin une certaine reconnaissance professionnelle.
Je me définissais par mon salaire, les objectifs à atteindre, le bonus annuel. Je justifiais cet argent gagné avec des dépenses conséquentes en loisirs et en vacances. J’avais l’impression de ne pas pouvoir faire autrement et je vivais une potentielle baisse de salaire comme un retour en arrière, un échec.
J’ai cherché des solutions comme moins m’impliquer émotionnellement, faire le minimum, trouver un autre poste en interne ou en externe. Bref, j’ai cherché sans vraiment m’écouter.
Et à force, j’ai épuisé mes ressources mentales et physiques, encore une fois.
L’an dernier, un beau matin, j’ai été incapable de sortir du lit pour travailler. Je repoussais le réveil depuis plus d’une heure, comme à chaque fois ces derniers temps.
Et ce matin-là, dans mon lit, je me suis mise à pleurer, j’ai senti que je ne pouvais rien faire de plus. Je n’arrivais plus à me forcer. Je n’avais plus la force pour travailler sur tous ces projets qui ne faisaient pas sens pour moi. Je n’en tirais plus aucune satisfaction, même plus pour le salaire. Je manquais de stimulation intellectuelle, je me sentais ni utile, ni reconnue.
De plus, j’avais accumulé beaucoup de retard à force de procrastiner. Alors qu’habituellement, dans un regain d’énergie, je pouvais le rattraper, je m’en sentais incapable ces dernières semaines. C’était devenu insurmontable de m’assoir au bureau devant mon ordi, de consulter mes mails et de participer à des réunions. C’était devenu trop difficile.
Je réserve alors un rendez-vous en urgence chez le médecin qui m’arrête d’abord pour deux semaines, afin que je puisse me reposer, physiquement et mentalement. Deux semaines qui sont devenues deux mois et demi.2
La convalescence fut longue et fastidieuse. J’ai eu l’impression que tout s’effondrait. J’ai remis en question mes capacités intellectuelles, j’ai eu l’impression que je resterai éternellement dans cet état de torpeur, que je ne serai plus jamais capable de travailler. Je m’en suis voulue d’avoir atteint ce point de non-retour. J’ai paniqué pendant des semaines à l’idée de reprendre le boulot.
En parallèle, je voyais aussi que la convalescence me faisait du bien. J’ai peu à peu lâché prise sur le job, sur ce sentiment de culpabilité d’abandonner mes collègues et de leur laisser tout mon travail. Je m’y suis tout doucement désidentifiée. Dans la douleur et les larmes certes. Et puis j’étais tellement fatiguée.
J’ai mis des mois à ne plus tourner en rond dans mon lit, à avoir à nouveau un sommeil réparateur et les idées claires, à rester concentrée sur un livre ou un film, à être de nouveau motivée pour travailler.
L’ironie du sort, c’est que mon corps a lâché alors que j’étais à 4 mois de la fin de mon contrat. Mon corps a lâché quelques jours après avoir confirmé à mon chef que je ne resterai pas. Je n’ai pas réussi à faire semblant plus longtemps, malgré toute ma bonne volonté et des années de pratique.
Il faut de la sérénité pour accepter les choses qu’on ne peut pas changer, du courage pour changer les choses qu’on peut changer, et de la sagesse pour distinguer l’un de l’autre.
Marc Aurèle
Je suis un peu dure avec moi, car ces mois de latence ont été de l’action.
J’avais besoin d’argent pour vivre convenablement et confortablement (c’est toujours le cas !) et comme c’est ce qui me tenait en partie au travail, j’ai voulu comprendre ce qui se cachait derrière.
J’ai donc appris sur mon rapport à l’argent, en prenant conscience un peu mieux de ce qui m’a été transmis par mes parents et par l’environnement dans lequel j’ai grandi, de ce que je souhaite garder et ce que je fais évoluer.
J’ai travaillé sur ces peurs pour qu’elles ne m’empêchent plus d’avancer et qu’elles soient plutôt un signal d’alerte qui me donnent des clés sur ce qui me convient. Je voulais que l’argent redevienne un moyen d’atteindre mes objectifs et non plus l’objectif de chacun de mes projets.
Certaines sont toujours là, dont la peur de manquer. Disons que j’ai quelques gardes fous qui m’apaisent : une épargne de précaution, un budget défini avec une répartition équilibrée des dépenses, des économies et des investissements dans des projets qui me tiennent à cœur. En gros, j’ai développé mon Fuck Off Fund.3
J’aime avoir un confort de vie et j’ai eu besoin de me sentir en sécurité avant de dire à mon chef que je ne continuerai ni dans l’équipe, ni dans l’entreprise : financièrement, matériellement, émotionnellement. Alors j’ai travaillé, step by step, à mon rythme, sur chacun de ces points.
Cette coupure professionnelle me confère actuellement un sentiment de liberté, de paix et d’indépendance encore jamais atteint. Et malgré tout ce qui s’est passé, je me sens chanceuse d’avoir cette opportunité pour réfléchir et préparer mes prochaines activités professionnelles.
En ce moment, il y a plus de jours joyeux que de jours anxieux, et c’est une jolie victoire.
Ressources :
J’aime beaucoup les contenus de Snowball, PlanCash et le site Avenue des Investisseurs. Ils ont pleins d’outils pour s’informer sur les finances personnelles, découvrir ses biais cognitifs, définir un budget, mettre en place une stratégie financière, apprendre à investir, etc. Bonne lecture !
J’aborde le sujet dans cette lettre.
Il est judicieux de consacrer du temps pour assainir son esprit, bravo championne !
“Rappelle-toi que certains des meilleurs moments de ta vie n’ont pas encore eu lieu.”
Merci encore une fois! Pour moi aussi c’est un vrai sujet de réflexions et ces réflexions évoluent chaque jour! C’est vraiment difficile le rapport à l’argent! En tout cas je suis super heureuse de lire les dernières lignes, haut les cœurs et vive les jours joyeux! 😘😘😘